Séries > 2018 paysages

« Nuages » », «  marines », « fleurs», «  montagnes »…,d’une série l’autre, voici ce que Carol Ossipow nous invite à voir dans cette exposition, autant dire une exploration du monde naturel dont chaque pièce a dû garder la trace.
Des «  paysages » aux  « reflets », des « glaciers » aux « vagues », c’est la couleur qui prévaut ; une couleur travaillée par des transparences, des éclaboussures, des dispersions, comme érodée, émulsifiée ou stratifiée. Comme si la représentation avait fixé soudain un monde en mouvement, les fluides se cristallisant dans la superposition des couches, déployant ainsi une profondeur où le sens se perd.

Dans l’exubérance des lignes et des lumières se discerne un objet fortuit que Carol Ossipow a pris soin de nommer. Le titre agit comme un révélateur : il guide notre reconnaissance d’une image du monde que l’artiste aurait figuré : bleu électrique de «  glacier », tumulte de roches de « paysage d’ici »…Mais il interroge aussi la représentation: « Fleurs  »épanouies et voluptueuses… devenant tout aussi bien coraux que vision macroscopique d’une cellule.
Nous comprenons mieux ce qui se joue dans cette identification (exorbitante?) dans les séries intitulées «  paysage lyrique » et « paysage abstrait »  : une dialectique entre figuration et non figuration, une tension entre abstraction et chair du monde, un glissement subtil entre prétexte figuratif et hasard de l’œuvre en train de se faire.
Superposition des laques et des résines, expansion des couleurs et accidents des lignes : la matière visuelle où s’est imprimée une sensibilité particulière au monde.

Véronique Blanc