Juillet 2004
Envie de marcher, de rencontrer des paysages, proches de l’abstraction, loin des sapins, si verts, si sombres. Envie de pierres grises, de strates bleutées. Envie de paysages à fouler, à retranscrire. Envie d’être dans la nudité du paysage.
Août 2005
J’ai photographié des crevasses, des séracs, des rimayes. (mon vocabulaire visuel, littéraire et technique s’agrandit !) Quand j’aperçois un glacier de loin, le trouble m’envahit. De près, les fractures de la glace, les stries des crevasses naissantes, les blocs de séracs -sculptures silencieuses- me coupent les jambes et le souffle, m’arrachent d’ancestrales larmes. Je respire, cache l’intensité de mon émotion aux alpinistes qui déjà m’attendent. Je dis « c’est beau », je dis « je vais prendre une photo ». Les alpinistes soupirent. Avec ces fragments de glaciers, j’ai l’impression de toucher à l’essence du paysage, à l’essence du temps.
Septembre 2007
J’aimerais capter le brouillard, le nuageux, l’opacité. J’aimerais capter une courbe de pierre, des lambeaux de brumes qui se déchirent. Un jeu entre la transparence et l’opacité.
Septembre 2007
Le tout n’est pas de reproduire un paysage mais de me rapprocher de l’imperceptible, de tendre vers un point d’équilibre, d’aller vers le lieu où le paysage, l’abstraction, la poésie et le mystère se mélangent.
Octobre 2007
Je n’aime pas les cartes postales de la Suisse, les neiges étincelantes et les ciels bleus, je veux aller au-delà du paysage, vers la simplicité. Me contenter de la ligne d’horizon.
Octobre 2007
Dans le brouillard, il y a le poids d’un mystère, vision romantique du paysage ?
Octobre 2007
« Le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu’il voit en face de lui, mais aussi ce qu’il voit en lui » Caspard David Friedrich Je ne sais pas ce qu’il y a derrière le brouillard !
Novembre 2007
Il y a du brouillard dans la ville et ici aussi. Un arbre a souffert du vent, des intempéries. Il est seul. Il est seul comme tout un chacun, seul dans un pré, seul au bord de la ligne d’horizon. Penché. Je prends une photo. Un homme ouvre la fenêtre de sa ferme et me dit d’attendre le soleil, qu’avec ce brouillard la photo sera floue. Je réponds que j’aime les photos floues, j’aime ce qui est indistinct, ce qui pourrait prendre forme. Plus loin, dans un pâturage, le chemin qui monte, se perd dans l’épaisseur opaque du brouillard.
Novembre 2007
A la limite entre le brouillard et le soleil, à cet endroit où la vision ne sait plus sur quel pied danser, un sapin devient un triangle foncé entre le bleu du ciel et le brouillard. Prendre une photo ? Vu ma « sapinophobie », j’hésite.
Décembre 2007
Se saisir d’un fragment du réel, d’un morceau de paysage, le transformer, le fossiliser Décembre 2007 Tenter d’effacer, de poncer, de troubler l’image afin de retrouver la nature même du paysage, son mystère
Février 2008
La résine, les pigments laiteux donne à la photo un air de peinture, brouille la vision Janvier 2008 Explorer, conjuguer le paysage 2
Février 2008
J’aimerais arriver à une évidence, à une certaine justesse, comme cette phrase, dans un bistrot bruyant, qui se détache de la rumeur environnante.
Mars 2008
Toutes ces randonnées, tous ces paysages ne sont finalement que des prétextes. Dans un premier temps un prétexte photographique, dans un second temps, un prétexte pictural. Un prétexte pour se balader aussi.
Mai 2008
Pourquoi ces paysages ? Pourquoi ces paysages dissimulés derrières les brumes ? Pourquoi ces paysages urbains vus au travers d’une vitre piquetée de pluie ? Pourquoi cet arbre seul ? Pourquoi ces fragments de glace flottant sur un lac qui dégèle ? Pourquoi ces fragments de montagnes qui n’apparaissent pas tant elles sont enfouies dans un épais brouillard ? Est-ce une représentation de la nature ? Est-ce un rapprochement entre le monde visible et sa poétique ?