Janvier 2002
Je suis hypnotisée par les carrelages de l’Alhambra : motifs géométriques, joyeux, colorés et raffinés.
Mai 2002
En retraite chez les Carmélites en Bourgogne. Point de Dieu, ni de Dieux mais des cieux que je regarde, photographie. Des ciels roses, violets et des lignes d’horizon. La photographie serait-elle pour moi un nouvel horizon ?
Août 2002
Dans le ciel aujourd’hui : Des profils grimaçants, des gueules de requins, des visages qui fuient, se découpent dans une lumière d’orage.
Septembre 2002
Et ces écorces ? Les peaux des arbres, écorces rouges, ocres, brunes, grises, verdâtres qui se fendillent, se recourbent, se déroulent comme des paysages. Les lichens s’agrippent aux écorces. De la résine coule lentement, jaune ou brune, blanche quelques fois comme une blessure, une coupure. L’arbre a sa chair à vif.
Novembre 2002
Une balade au pied du Môle, les feuilles fraîchement tombées sont de véritables tableaux abstraits : taches rouges sur fond jaune, taches noires sur fond rouge, fond grenat nervuré de jaune, de vert. Je zoom dans le détail. Quelques fois l’infiniment petit rejoint l’infiniment grand. Certains détails de feuilles mortes ressemblent à des deltas, à des ciels tachetés d’étoiles.
Février 2003
Dans le musée de Mouans-Sartoux il y a un atelier pour enfants. Les enfants peuvent accrocher des feuilles et peindre. Je photographie les coulures, les marques de feuille. Un mur maculé de taches.
Avril 2003
Dans l’étang de la Gouille aux Morts, les eaux sont troubles, les feuilles de nénuphars flottent sans respiration. Lorsque les rayons du soleil arrivent à transpercer l’opacité de l’eau stagnante on aperçoit des algues brunes ou vertes, des têtards, des branches cassées pourrissant dans la vase.
Mai 2003
Sur les sols des forêts des jeux d’ombres et de lumières me surprennent.
Septembre 2003
Brégny, mercredi, 19h le ciel se déchaîne, les nuages s’amoncellent, se déchirent, on dit : le ciel s’enflamme. D’énormes cumulus gris, roses, presque rouges se précipitent ici.
Octobre 2003
Je vais souvent voir G. à Marseille, je me perds dans la ville, photographie les murs, les volets, les peintures écaillées. Est-ce le vent salé qui ronge ainsi les peintures ?
Octobre 2003
Je suis allée au port. Pas le vieux port mais celui des cargos, des containers, de la ferraille. J’ai trouvé de l’acier, des formes géométriques, des grues, de la rouille, d’anciennes couches de peinture
Novembre 2003
J’aime les lumières d’orage, les ciels contrastés. « J’aime les nuages…les nuages qui passent …là-bas…là-bas…les merveilleux nuages » Baudelaire
Avril 2004
Les écorces de poisson comme les écorces des arbres. Les mers comme les ciels. Les ciels au dessus des mers. Les lignes d’horizon. Paysage épuré. Avril 2004 Nous sommes allées au marché au poisson, à la criée, avons acheté une dorade. J’ai photographié des poissons, des écailles, des yeux, des nageoires colorées.
Août 2004
La graisse, la rouille, l’odeur, les bittes d’amarrage, la géométrie des grues, les machines navales, les quais, les cargos, les thoniers, les chaînes, les cordages. L’envoûtement des ports. Mai 2004 Les reflets qui vibrent à la surface d’une flaque d’eau, d’un étang, d’un lac, d’une mer ( peu importe la profondeur) ont la particularité d’être un peu trouble, flou. Là ce palmier qui vivre, ici une grue qui ondule, la lumière qui se fragmente. Et là, sur la flaque de ce chemin les reflets de ruines romaines semblent surgir de nulle part.
Août 2004
Un détail de lys, c’est un fond blanc avec de minuscules taches rouges ou roses. Un détail de pivoine c’est du papier froissé. Un détail de cactus ressemble à des oliviers dans un champ, vu d’avion…
Septembre 2004
Les sols du Mamco rivalisent avec les œuvres d’art accrochées au mur : Traces de machines, fragments de béton, sols polis, souvenirs encore vivants de l’usine avant qu’elle ne soit réhabilitée en musée d’art contemporain.
Octobre 2004
Derrière la vitre couverte de buée, je ne perçois que de vagues surfaces. Ce sont les murs d’une villa vénitienne.
Novembre 2004
Deviner ce qu’il y a derrière le ruissellement de la pluie.
Novembre 2004
Il y a sur la vitre une épaisse couche de buée, des gouttes se forment presque. Je ne vois plus la maison d’en face, ni le paysage au loin. Je n’aperçois que des couleurs, de vagues contours.
Janvier 2005
Et je me suis mise à marcher, chaque fois plus, chaque fois plus haut, photographiant les stries des glaciers, les moraines grises, l’eau bleue verte qui surgit au pied de la moraine, les découpes des séracs, l’immensité du désert, les caresses du vent sur les dunes, les paysages lunaires.