Avril 1990
Matérialiser une ombre, m’octroyer la liberté de faire d’une ombre un objet, un objet sans volume. Un objet ambigu. Une empreinte d’objet, un objet dont le support est le papier. L’ombre existe par rapport au support sur lequel elle se dépose, elle ne vit que s’il y a de la lumière. Est-elle pour autant une illusion ? L’ombre épouse une forme, la contourne, se répand, semble déterminée. L’ombre se fond avec le matériau, s’estompe, se géométrise. Est-ce que l’ombre peut avoir une ombre, hormis dans une certaine chanson ?
Mai 1991
Les visions, les images qui me fascinent sont souvent de l’ordre de l’abstraction (et, paradoxalement des détails du réel) : traces de pneus, fragments de matières, détails de peinture qui s’écaille. Ces images existent dans le concret, dehors, dans la ville, partout. Ce sont mes matières premières. Je me les approprie, les reconstitue et leur donne une seconde vie.
Mai 1991
Je pars à la chasse d’images abstraites, je les collectionne, les façonne, les analyse, en regarde toutes les facettes.
Juin 1991
Voilà dans la rue, un morceau de béton que je pourrais photographier. Il est là, il existe même lorsque j’ai changé de quartier. Il est rangé dans un coin de ma mémoire, prêt à être reproduit avec d’autres matériaux. Je le détache de la rue, je vais m’en servir à des fins purement picturales.
Juin 1991
Je n’ai pas de disqueuse ou de tronçonneuses pour découper des fragments de matières. J’utilise le papier.
Septembre 1991
Plier le papier comme d’autres les habits, c’est ma séance de repassage.
Septembre 1991
Amorce de volume, en pliant le papier d’une certaine manière. Amorce ou illusion ? Aller vers l’objet ?